Amkoullel l'enfant peul, Amadou Hampâté Bâ

Publié le par Geneviève

éditions Babel

Un très beau témoignage de la vie africaine du début du XXe siècle, quand la très riche culture et les traditions ancestrales étaient encore vivantes et nourissait les Africains.
GL

Récit autobiographique de l'auteur, né en 1900. Enfant d'un village du Mali où cohabitent plusieurs ethnies, il accède à sa culture très riche par un "enseignement" entièrement oral : rencontres, discussions, veillées avec, en plus, l'école coranique (les peuls sont musulmans). Il nous montre les débuts de la colonisation et les changements apportés à la vie locale. Le plus important a été la guerre de 14 : les hommes sont partis et la transmission orale a été cassée.

 

Extraits :

Les Blancs, disait-on alors, étaient des "fils de l'eau", des êtres aquatiques qui vivaient au fond des mers, dans de grandes cités. [   ] De temps en temps, ces "fils de l'eau" sortaient de leur royaume aquatique, disposaient quelques-uns de leurs objets merveilleux sur le rivage, ramassaient les offrandes des populations et disparaissaient aussitôt.
Ce costume prouve bien que les Blancs-Blancs sont des fils de l'eau me dis-je en moi-même. Ce sont des espèces d'écrevisses géantes à forme humaine, et comme toute bonne écrevisse qui se respecte, ils doivent avoir une carapace, si légère fut-elle.

Le même vieillard, au sens africain du terme, c'est-à-dire "celui qui connait", (même si tous ses cheveux ne sont pas blancs) pouvait avoir des connaissances approfondies aussi bien en religion ou en histoire qu'en sciences naturelles ou en sciences humaines de toutes sortes. C'était une connaissance plus ou moins globale, selon la qualité de chacun, une sorte de vaste "science de la vie", la vie étant conçue comme une unité où tout est relié, interdépendant et interagissant, où matériel et spirituel ne sont jamais dissociés. L'enseignement, lui non plus, n'était jamais systématique, mais livré au gré des circonstances, selon les moments favorables ou l'attention de l'auditoire.

Ce jour-là, en cet instant, j'ai divorcé d'avec le monde et pris la ferme résolution de me conformer tout le reste de ma vie, au conseil de mon maître : "servir, servir toujours, mais ne jamais chercher ni les honneurs, ni le pouvoir, ni le commandement."

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