De Kaboul à Marseille, voyage d'une Afghane, Nafi Nassim

Publié le par Geneviève

éditions Indigo et côté femmes

Nafi Nassim nous fait partager sa vie en toute simplicité, son combat de femme seule contre un régime totalitaire, l'Afghanistan des communistes. Le récit date un peu mais il met en évidence les mécanimes communs à  toutes les dictatures puisqu'elle est amenée à séjourner dans l'Iran des ayatollahs. Cette femme a trouvé en elle des ressources insoupçonnées pour fuir l'Afghanistan trois fois de suite : elle y est retournée à deux reprises jusqu'à ce que tous les siens soient à l'abri.
GL


Ce témoignage décrit l'histoire d'une femme qui a fui son pays, révoltée par la brutalité des communistes afghans et par l'invasion soviétique. Les jeunes garçons étaient enrôlés de force, soit pour partir au front servir de chair à canon, soit pour aller "étudier" en URSS et revenir ensuite comme cadres de l'armée. Son mari est fait prisonnier et torturé. Elle doit prendre en charge la famille. Elle s'engage comme infirmière dans une ONG et porte un regard critique sur une partie des occidentaux partis dans ces organisations.

Extraits :

J'ai le souvenir de l'angoisse, de l'urgence, mais souvent aucun souvenir des couleurs, des odeurs... Je ne sais même pas si je les ai perçues. Mon souvenir est souvent celui de la respiration bloquée, de la gorge serrée...

Je comparais mon pays à l'Europe et j'étais fière d'être afghane. Y aurait-il eu dans un car une Européenne pour adopter en moins de trente secondes l'enfant d'une inconnue, sans papiers, sans état-civil, sans même savoir son nom ni son prénom, ni son sexe ? J'étais fière d'être née dans un pays pauvre où la vie pouvait continuer de façon naturelle, sans autre complication que la question simple qui avait été posée : "Y-a-t-il ici une femme qui puisse allaiter ?" J'ai entendu dire que pendant la dernière guerre mondiale, il s'était produit en France des cas de ce genre. Faut-il des guerres pour que les hommes et les femmes puissent donner le meilleur d'eux-mêmes et faire ce qu'en temps ordinaire, ils considéraient comme une folie ?                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            

J'appartenais à ces deux mondes. Je souffrais avec les Afghans de la mentalité souvent coloniale des Européens, et j'étais parfois gênée par le comportement de certains. J'avais toujours tendance à défendre ceux avec lesquels je n'étais pas. Dans les camps, je cherchais à rétablir un peu la vérité : tous les Européens n'étaient pas des débauchés (...) Certains Européens, sans même s'en rendre compte, prenaient souvent les Afghans pour des sauvages, oubliant qu'ils avaient affaire à un peuple en guerre, démuni de tout, réduit à la misère des camps, désorganisé. Ils ne savaient pas qu'ils rencontraient une très vieille civilisation, de très anciennes traditions. Souvent, de ces trésors, ils ne voyaient rien, ne percevaient rien.

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